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Le Développement durable

 

I)Les origines du développement durable

 

    A)Un concept aux racines anciennes

 

Le développement durable pose la question de la relation entre l’homme et la nature : Comment l’homme peut-il satisfaire ses besoins sans dégrader ce qui l’entoure ? 

 

     Dans l’Antiquité, Platon dénonçait les méfaits de l’érosion et de la déforestation dans l’Attique (vers 400 av JC). Certains historiens et géographes se sont interrogés sur la responsabilité des facteurs environnementaux dans la disparition de certaines sociétés. C’est le cas de Jared Diamond qui évoque le terme d’ écocide à propos de l’île de Pâques (Diamond J., 2006. Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Paris, Gallimard,, 648 p.)

    Il faut attendre ensuite le 18ème siècle, avec Malthus, qui s’inquiétait en 1768 que la progression démographique soit plus rapide que l’augmentation des  ressources.  Mais c’est surtout au 19ème siècle, avec l’industrialisation et l’urbanisation que la menace de surexploitation des ressources naturelles commence à être dénoncée.  

En 1909, Roosevelt - président des Etats-Unis entre 1933 et 1945 faisait cette déclaration ainsi devant le Sénat américain:« Avec la croissance constante de la population et l’augmentation encore plus rapide de la consommation, notre peuple aura besoin d’une plus grande quantité de ressources naturelles. Si nous, de cette génération, détruisons les ressources, nous diminuerons le niveau de vie, nous enlèverons même le droit à la vie des générations futures. » . 

Au début du XXe siècle, les différents questionnements liés à ce qui deviendra le « développement  durable » sont déjà présents dans les esprits, et les préoccupations ont dépassé les cercles des  scientifiques aux États-Unis. En France, des pistes ont été ébauchées, mais il faudra attendre 1970 

pour voir apparaître une réflexion et une démarche géographiques sur les rapports nature/société. 

 

 

    B) L’acte de naissance du développement durable: le rapport Brundtland (1987)

 

Après  la Création en 1972 à Stockholm de la première conférence internationale sur l’environnement  qui débouche sur la création du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement), après la première conférence sur le climat à Genèves en 1979., en 1987, madame Brundtland, alors premier ministre de la Norvège et présidente de la « Commission mondiale pour l’environnement et le développement » de l’ONU, coordonne le rapport « Notre avenir à tous ».  

On y trouve cette fameuse définition: « Un développement durable doit répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre au leur. »

 

II) Le développement durable: un projet global qui se décline.

 

   A)Un projet global

Le DD se veut un projet d’avenir et fait appel pour cela à de la prospective: quelle population, ressources, climat dans 20, 50,100 ans?

C’est un projet global car il recouvre des aspects économiques, sociaux et environnementaux.

On peut même y rajouter un volet culturel et souligner l’importance d’une nouvelle gouvernance participative.

 

B)Le pillier écologique

C’est celui qui domine dans les médias et l’éducation nationale.

Pour le comprendre, on peut relire la définition que le géographe Pierre George donne de l’environnement:

« Ensemble des éléments qui, dans la complexité de leurs relations, constituent le cadre, le milieu, les conditions de vie pour l’homme. »

L’environnement n’est donc pas la nature, il est forcément habité, évolutif, anthropisé! 

Un géographe doit donc se placer dans la position d’un « aménageur » cherchant des compromis entre développement humain et conservation des écosystèmes et pas d’un écologiste présentant l’homme comme le pire ennemi d’une mère-nature idéale.

A propos d’un écosystème, il faut donc bien distinguer:

•Sa protection: vouloir le garder en l’état, en écartant l’homme.

•Sa conservation: vouloir le garder (sans en exclure l’homme) pour le léguer aux générations futures

•Sa gestion raisonnée qui implique son exploitation ou sa transformation pour satisfaire les besoins actuels de l’humanité

 

C) Le pilier économique

Il implique de produire et consommer autrement pour préserver les ressources.

Depuis peu, « la croissance verte » a été présentée comme le salut pour sortir de la crise économique issue du krach financier de 2008 (cf. Green economy, hda). Deux thèses se contredisent:

 

1)La durabilité faible:

Grâce aux progrès techniques, des ressources de substitution permettront de remplacer le « capital naturel » par du « capital construit ».  On ne doit donc pas s’inquiéter par exemple de l’épuisement du pétrole car on trouvera autre chose pour se chauffer et se déplacer. Ils sont pourtant favorables à des aménagements du système économique pour favoriser la durabilité:

•Écotaxes ou systèmes de bonus/ malus écologique.

•Création d‘une taxe de « droit à polluer »

•Incitations à respecter de nouvelles normes de construction (HQE)…

 

2) La durabilité forte : 

Ce sont les partisans de la décroissance: ils contestent l’idée de croissance comme générateur d’un développement humain véritable et prônent une société plus simple mais plus conviviale.

Cette vision de l’avenir est très appréciée par les mouvements altermondialistes mais se heurte à l’ambition des pays du Sud à accéder à un mieux être matériel. 

 

D) Le pilier social

Bien que porteur de valeurs d’équité, de dignité et de démocratie, c’est le pilier le plus négligé. Un développement durable devrait:

•reposer sur un accès de tous à l’ensemble des biens et des services, un partage équitable des richesses, une solidarité entre nations et générations

• combattre la pauvreté, l’exclusion, la ségrégation, garantir le respect des droits de l’homme…

 

Or, la mise en pratique de ces principes pourrait avoir des répercutions considérables. Par exemple, une ville durable devrait non seulement:

•Recycler ses déchets

•Construire des maisons à énergie positive

Mais aussi:

•Promouvoir la mixité sociale dans ses quartiers

•Prendre en charge les personnes handicapées

•Organiser la démocratie participative… 

 

 

 

Un peu de vocabulaire....

 

Développement:

Ce terme est différent de celui de « croissance » dans le sens où la croissance est purement quantitative alors que le développement implique un changement qualitatif: amélioration du bien-être de l’humanité (alimentation, santé, éducation, logement…).

 

Durable:

Terme polémique puisque les anglais préfèrent celui de « soutenable ». En effet il ne suffit pas qu’un modèle dure pour qu’il soit satisfaisant. L’idée est d’évoquer le niveau et le modèle de développement que notre environnement peut soutenir.

 

Besoins:

Un besoin est ressenti comme un manque à combler. Il n’est pas ressenti de la même façon d’une société à une autre et dépend de son niveau de richesse. Il y a des besoins primaires (se nourrir, se loger, se chauffer) et des besoins « artificiels » conditionnés par la publicité ou l’appartenance sociale. Toutefois, la mondialisation de l’information (télé, internet), crée de plus en plus dans les pays du sud de besoins nouveaux.

Enfin une notion de solidarité intergénérationelle et de responsabilité:

En cela on peut utiliser une citation bien connue de Saint Exupéry:

« Nous n’héritons pas de la Terre de nos parents, nous l’empruntons à Nos enfants. »

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